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APEIS : Association Pour l'Emploi, l'Information et la Solidarité des chômeurs et travailleurs précaires. L'APEIS a pour but d'accueillir les chômeurs et les salariés victimes de la précarité de l'emploi, de les aider à faire valoir leurs droits. L'APEIS est notre association, nous intervenons, témoignons, pesons,résistons parce que nous sommes tous des citoyens(es) à part entière, débattons de la place et du rôle de chacun(e) dans notre société et de toutes les questions nous concernant.

Le blog de l'APEIS PARIS

SITUATION DU CHÔMAGE ET DES CHÔMEURS

Situation du chômage et des chômeurs

Et de leurs collectifs.

Un constat s’impose à nous : tout au long de ses 30/40 dernières années, la société s’est habituée à la massification du chômage et à la normalisation de la précarité, elle-même grandissante. En matière d’emploi, cette même précarité est devenue la norme.

La normalisation d’un fléau du capitalisme

D'abord, les gouvernements successifs de concert avec le patronat et les grands médias continuent de nous faire croire de manière plus ou moins directe et grossière que ce fameux chômage n’est qu’un passage obligé, une étape avant le rebond. Bref, il fait partie du système.

Ensuite, ne nous y trompons pas, rien n’est dû au hasard ou à la fatalité. Il s’agit volontairement de leur part de déréglementer, casser les solidarités, remplacer la prépondérance du droit collectif par la chance individuelle. Leur objectif ? faire toujours plus de profits, de bénéfices, de dividendes, de produits financiers… sans souci du coût humain ni de l‘impact en matière de cohésion sociale.

Enfin, le code du travail s’est épaissi, prenant du volume pour y faire rentrer toutes les dérogations, contrats atypiques, exclusion, accords dérogatoires sur le temps de travail, auto entreprenariat… Dernière en date, la Loi “Travail” qui était la dernière marche à la soumission au marché. Dans les faits, nous sommes passés de la société du salariat à celle du précariat. Ces réformes et mesures successives n’ont eu pour objectifs que de faire des économies, faire baisser artificiellement le nombre de chômeurs “officiels”, le tout en contrôlant et culpabilisant les victimes d’un système. Alter Eco : 40 ans de déréglementation du marché du travail : https://www.alternatives-economiques.fr/40-ans-de-dereglementation-marche-travail/00003151)

Dans cette logique, le chômage (et ses chômeurs) a un rôle :

  • Peser sur les salaires et les conditions de travail
  • Servir d’épouvantail face aux revendications légitimes de celles et ceux qui travaillent
  • Exercer un moyen de pression pour pousser ses “bénéficiaires” -les chômeurs- peu ou pas ou mal indemnisés, à accepter des salaires et des conditions d’emploi sans cesse plus dégradées.

L’objectif de cette stratégie :

Casser le collectif pour pousser à l’individualisme et au chacun pour soi

Le démantèlement à peine masqué des services publics, le glissement vers la fin des protections collectives et l’abandon des liens de proximité ont développé l’individualisme et le repli sur soi. Usagers et patients sont devenus consommateurs et clients. Les méthodes managériales s’automatisent et nous poussent à nous auto-contrôler et donc à nous auto-exploiter. C’est ainsi qu’afin de répondre aux angoisses des citoyennes

et citoyens inquiets pour leur pouvoir d’achat, certains proposent de baisser les cotisations sociales abusivement appelées “charges sociales”. Résultat, un système de protection sociale qui s’affaiblit jusqu’à disparaître.

L’exemple du télétravail

Le télétravail entre aussi dans cette logique délétère. S’il peut répondre, quand il est partiel et encadré, à des situations particulières et même à l’évolution de certains modes de vie, sa généralisation soudaine et incontrôlée entraîne peu à peu :

  • La dilution des collectifs de travail,
  • La disparition de la frontière entre vie professionnelle et vie personnelle
  • L’invasion par le travail de la sphère privée des personnes salariées.

Comme tout outil, il n’est pas mauvais en soi, mais l’utilisation qui tend à en être faite favorise l’éclatement de normes créant un chaos qui n’a jamais été anticipé. Aujourd’hui, la fragilité du monde du travail peut en permettre un usage qui ne fait que renforcer les risques d’individualisation, partant d’isolement et de recul des droits (sous couvert de plus d’autonomie), pour aboutir à toujours plus d’exploitation et de dégradations des conditions de travail.

Pour faire face, quelles solutions imaginons-nous ?

- Il est urgent de réduire le temps de travail, à 32h immédiatement, pour ensuite aller vers les 28h de travail hebdomadaire avec des salaires décents qui permettent de vivre.

- Il est urgent d’instaurer la retraite pour toutes et tous à 60 ans.

- ll est urgent de satisfaire les besoins légitimes (et nombreux) de la qualité de vie individuelle et collective de chacun et chacune : ceux du logement, de la santé, de l’accompagnement, de l’éducation, des transports, de la formation, de la recherche, de la culture.

- Il est urgent de limiter les gigantesques profits et dividendes pour rediriger cette manne financière vers le bien commun et la solidarité en menant une vraie politique contre l’optimisation et la fraude fiscale.

- Il est urgent de relocaliser toutes les activités qui peuvent l’être. C’est possible si tout le monde travaille avec un salaire correct.

Un service public qui se dégrade toujours plus

Nous, chômeurs, précaires, bénévoles et militants, constatons depuis la création de nos structures la dégradation catastrophique des services publiques censés aider les plus précaires.

Aujourd’hui, nos associations sont les seules à faire ce qu’elles font :

  • Accueillir sans condition,
  • Accompagner,
  • Mobiliser et créer du collectif par et pour les personnes au chômage et précaires, avec et pour tout le monde.

Nos associations ont une réelle utilité quand nous permettons aux chômeurs et aux précaires de briser l’isolement, quand nous les informons sur leurs droits, quand nous leur permettons de les exercer, notamment contre des radiations, des trop perçus… Contre tous les dysfonctionnements de Pôle Emploi, des CAF et autres administrations publiques…

Certaines d’entre elles réorientent parfois leurs usagers vers nos structures, faute de réponses à fournir et de moyens à leur disposition. Celles-ci n’ont tout simplement plus les moyens d’accomplir leurs missions et sont réassignées délibérément vers le contrôle des personnes. D’ailleurs, la sonnette d’alarme a été tirée également du côté de leurs employés qui voient leurs métiers et leurs fonctions premières bafouées.

Le point de départ de nos réflexions reste le même : les derniers de cordée

Pour atteindre ces buts et satisfaire ces revendications, nous devons continuer de partir des

plus fragiles : ce n’est pas une posture mais une nécessité. Mais le combat ne se limite évidemment pas aux seuls premiers intéressés mais à l’ensemble des salariés, des travailleurs, et même de la population. Autant de revendications nées d’années - de décennies - de constats sur le terrain, au plus proche de celles et ceux que d’aucuns voudraient voir écartés de toute décision les concernant. La démocratie sans la majorité du peuple n’est qu’oligarchie. La démocratie sans organisations intermédiaires, collectives et agissantes, n’est qu’un leurre. Reprenons, ensemble, le pouvoir sur nos vies !

 

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